Prime sur l’or : comment choisir entre lingot, pièce, Napoléon et Louis d’or ?

Dans le monde de l’investissement en métaux précieux, le terme « prime » joue un rôle important. Il désigne la différence entre le prix de marché d’une pièce ou d’un lingot d’or et la valeur réelle du métal contenu physiquement dans le produit. Pour les investisseurs qui choisissent des pièces d’or, cette notion est cruciale car elle influence directement la rentabilité et la stratégie d’achat ou de vente. Par contre, pour les acheteurs de lingots et surtout de barres d’or, nous verrons que la prime est relativement secondaire.

La prime sur l’or peut varier en fonction de plusieurs facteurs tels que la rareté, la demande, et l’état de conservation de la pièce ou du lingot. Par exemple, des pièces historiques comme le Napoléon ou le Louis d’or, prisées pour leur valeur numismatique, affichent souvent une prime plus élevée par rapport à leur poids en or fin. La compréhension de ces aspects est indispensable pour les investisseurs souhaitant optimiser leurs transactions.

Les facteurs qui influent sur le montant de la prime

La prime d’un produit aurifère, comme une pièce ou un lingot d’or, est le coût supplémentaire au-dessus de la valeur intrinsèque du métal précieux qu’il contient. Cette prime peut inclure plusieurs éléments :

• Les coûts de fabrication : Cela couvre les frais de conception, de frappe, de coulage, de conditionnement et d’assurance qualité du produit.
• Les coûts de distribution : Ces frais englobent le stockage, la logistique et les coûts associés à la distribution du produit aux détaillants ou aux investisseurs.
• Les marges des intermédiaires : Cela peut inclure les marges prises par les grossistes, les distributeurs et les détaillants qui vendent le produit au consommateur final.
• La commission du vendeur : La prime inclut aussi une rétribution pour le vendeur ou le courtier qui réalise la transaction.
• La demande du marché : La prime peut varier en fonction de la demande pour un produit spécifique. Si un produit est très demandé ou s’il est considéré comme une édition limitée ou collectionnable, la prime peut augmenter de façon significative.
• Le pays ou la zone géographique: L’intérêt pour une pièce varie d’un pays à l’autre. Les Napoléons sont plus convoités en France qu’en Angleterre. Un Krugerrand se vendra plus facilement en Asie ou aux USA qu’un Louis d’or qui sera beaucoup moins connu à l’étranger.
• Les frais de transaction : Ces frais peuvent inclure des coûts de paiement ou de traitement des transactions, qui sont parfois répercutés sur l’acheteur.

Vous noterez que la commission du vendeur est incluse dans la prime globale que vous payez lorsque vous achetez de l’or ou d’autres métaux précieux. Il est important pour les acheteurs de comprendre tous les coûts associés à l’achat d’or pour pouvoir évaluer correctement le prix et la valeur de leur investissement.

Les grandes catégories de produits aurifères et leurs primes

Les barres d’or de bourse de 400 onces Troy (12,44Kg)

Au 2 Janvier 2024, le cours de l’or était de 1 868,67 € l’once. Une barre d’or de bourse, dite ‘Good delivery’ et pesant 400 onces, valait donc plus de 747 mille euros (soit exactement 747 468 € pour son pesant d’or). A supposer que vous ayez les moyens (*) d’acheter un tel lingot XXL (28 cm de long et 12,44 Kg tout de même !), le courtier BullionVault vous aurait facturé une commission de 0,1%. En cas de revente, les frais sont au même tarif. Dans ce cas (un peu extrême vous en conviendrez !) la prime sur une barre d’or de bourse se réduit donc à la seule commission du vendeur.

Note (*) : Rassurez-vous, depuis 2005, BullionVault vous permet d’acheter une partie d’une barre par incrément d’un gramme. Dans ce cas, toujours au 2 janvier 2024, vous n’auriez eu à dépenser que 60€ pour ce gramme d’or, auquel il vous aurait fallu ajouter une prime, qui aurait été cette fois de 0,5%.

Les lingots d’or et lingotins (de 1 Kg à 1 once)

Traditionnellement, les lingots d’or ne portent pas de prime significative car leur valeur, tout comme celle des barres d’or, est fortement liée au poids actuel de métal précieux qu’ils contiennent. A titre d’exemple, nous avons relevé au 2 Janvier 2024, les primes affichées sur les lingots d’or de la raffinerie Valcambi par le courtier Goldbroker sur son site Or.fr. Vous noterez que la prime suit une loi dégressive en fonction du poids du produit, passant de 1,86% pour des lingots de 1 Kg à 3,3% pour des poids de 1 once (31,1g).

Tableau montrant la dispersion de la prime sur des lingots Valcambi et Crédit Suisse (site Or.fr)

Cette prime peut également varier avec la raffinerie ou l’estampille du produit. Toujours chez le même courtier Or.fr, avec une prime affichée de 65€/once (soit 3,51%), le lingot de 1 once du Crédit Suisse est plus cher que son équivalent chez Valcambi. La réputation de la Suisse dans le domaine de l’or n’étant plus à faire, la demande des produits estampillés ‘Crédit Suisse’ est plus forte que celle des lingots estampillés ‘Valcambi’.  Et pourtant, la banque Crédit Suisse fait fabriquer ses lingots …chez Valcambi !

Pièces d’or d’investissement, généralement de 1 once

Avec les pièces d’or d’investissement (Kangourou, Buffalo, Britania,…), qui contiennent 1 once d’or, la prime peut varier considérablement. Elle est généralement influencée par la réputation de la raffinerie, par l’offre et la demande, ainsi que par l’histoire et la rareté. Revenons chez Or.fr et notons cette fois les prix de vente des pièces de 1 once.

Tableau montrant la dispersion des primes sur des pièces de 1 once (site Or.fr)

La valeur moyenne de la prime sur ces 6 pièces de 1 once est de 5,5%, nettement supérieure aux deux primes relevés précédemment sur leurs confrères, moulés sous forme de lingots (3,3% et 3,51%). De forme arrondies, mieux connues que les lingots de 1 once qui sont plus récents, les pièces de 1 once sont plus facilement négociables : à poids égal, leur prime est donc plus élevée que celle des lingots.

Les pièces numismatiques : Napoléon, Louis d’Or

Les Napoléons et autres Louis d’or sont des pièces françaises qui peuvent présenter des primes très variables. L’année de frappe, leur histoire et la condition de la pièce, si elle est sous scellé ou dans un état impeccable (sans coup ni rayure), est essentielle pour la détermination de la prime. Ces pièces sont prisées tant pour leur valeur numismatique que pour leur teneur en or.

A titre d’exemple allons chez le courtier Godot & Fils et notons les primes des pièces les plus populaires du marché (qualité Superbe).

Vous noterez que les pièces de 20 Francs (Marianne Coq, Napoléon, Louis d’or) affichent une prime de l’ordre de 3,3% qui se rapproche de celle des lingots d’or de 1 once chez Or.fr. Ces pièces étant très répandues en France, elles sont facilement accessibles et affichent une prime ‘raisonnable’. Par contre, vous remarquerez la prime très élevée des 10 Francs Napoléon (16,37%). Plus rares et plus liquides que les 20F, ces demi-napoléons sont plébiscités par les français et, en cas de crise, leur prime peut s’envoler vers des sommets. En Octobre 2008, pendant la crise des subprimes, cette prime du ‘demi-nap’ a dépassé les 90% . Attention cependant, l’achat de ces pièces est réservé à des spécialistes.  Ces 10F Napoléons (et même de nombreux 20F) ont beaucoup circulé et il est très facile de se faire berner sur leur état réel. Pour un investissement sans risque, nous vous conseillons de privilégier les pièces d’or de 1 once, plus facilement négociables en France, comme à l’international.

Pour conclure, quelle prime privilégier quand on achète de l’or physique?

L’idéal est de choisir un produit aurifère avec la prime la plus basse pour espérer le revendre avec la prime la plus haute possible, en vérifiant que le cours de l’or suive la même tendance, ce qui est généralement le cas.

• Pour les lingots, les primes sont faibles et augmentent légèrement en cas de crise : on parie essentiellement sur la seule augmentation des cours ;
• Pour les pièces, les primes sont moyennes (pièces de 1 once) ou élevées (Napoléon ou autres Louis d’or). De plus, en cas de crise, elles peuvent encore augmenter. On cumule ainsi à la fois l’augmentation du cours de l’or et l’augmentation probable de la prime. Seul bémol, l’achat de ces petites pièces (5,81g pour le Napoléon) est risqué et s’adresse à des initiés.

Le marché de l’or est dynamique et les tendances peuvent influencer les primes et la valeur des pièces ou lingots. Ainsi, une prime plus élevée sur les pièces que les lingots d’or peut être observée, en grande partie due à leur dimension historique et esthétique. Par ailleurs, les lingots d’un kilogramme peuvent sembler économiques à l’achat grâce à une prime plus basse, mais il faut noter leur liquidité potentiellement moindre en cas de revente. Ces tendances orientent les choix des investisseurs vers des produits qui correspondent à leurs stratégies d’investissement et à leurs préférences en matière de liquidité et de valeur à long terme.

Questions fréquentes

Quelle est la formule de calcul de la prime d’une pièce ?

La prime est la différence entre le prix du métal précieux contenu dans la pièce (poids de l’or multiplié par son cours) et le prix négocié de celle-ci.  La différence entre ces deux valeurs c’est la prime, exprimé en pourcentage.

Faut-il acheter des pièces avec une prime faible, nulle, voire négative ?

Quand une pièce affiche une prime nulle, son prix équivaut à la valeur de l’or qu’elle contient. L’avantage est que la progression de la prime peut donc être importante. Attention cependant aux pièces avec des primes fortement négatives, signe d’une dégradation importante de l’état physique du produit. Comment allez-vous négocier la revente ?

Existe-t-il des lingots avec une prime nulle ?

Non, chez les courtiers de notre panel, vous ne trouverez pas de prime nulle et encore moins négatives sur les lingots. Nous avons vu que la barre d’or de 400 onces affichait la prime la plus faible du marché : 0,1%, la prime d’un lingot de 1 Kg étant de l’ordre de 1,8%.

Quelle différence entre un Napoléon et un Louis d’or ?

Le Louis d’or fait référence aux monnaies d’or frappées sous les rois de France, principalement du règne de Louis XIII à celui de Louis XVI (1640-1792). En revanche, les Napoléons, sont des monnaies de 20 francs en or introduites sous le règne de Napoléon Bonaparte et frappées à partir de 1803.