Qui a dit que l’or devait être pur et de couleur jaune exclusivement ? Si vous êtes investisseur c’est certainement vous et vous avez parfaitement raison. Mais nous allons voir que les industriels fondeurs ont su décliner des compositions diverses et variées pour confectionner des produits aurifères (principalement des bijoux) de toutes les couleurs…ou presque.
L’or pur à 24 carats
Officiellement, l’or pur titre 24 carats, soit 1000 millièmes dans le système de notation de la pureté des métaux précieux en vigueur depuis 1995 en France. En pratique, on parlera d’or pur dès que la proportion de métal jaune atteindra les 999 millièmes (on utilise également le terme de pureté à 3-9). Cette valeur de 3-9 ou 24 carats a en effet longtemps été la référence de finesse absolue jusqu’en 1997, l’année où la Monnaie royale canadienne arrive à purifier le métal précieux jusqu’à 999,99 millièmes (on parle dans ce cas d’une pureté à 5-9).
En France c’est un marquage, appelé « poinçon d’Etat », qui certifie le titre d’un objet en métal précieux (or, argent, platine). Un poinçon ayant la forme d’un hippocampe certifie que le titre de cet objet est de 24 carats d’or.
Mais raffiner l’or à l’extrême n’a pas que des avantages : le métal jaune devient très malléable et risque de se détériorer en cas de choc, voire au moindre frottement.
Pour améliorer la dureté d’un produit en or (pièces, bijoux,..) les industriels procèdent à des alliages avec d’autres métaux, ce qui a pour effet de diminuer le titrage de la nouvelle composition (comprenez :diminuer le nombre de carats) et de changer sa couleur.
L’or jaune de joaillerie à 18 carats
Les bijoux (bracelets, bagues, alliances,…) sont des objets destinés à être portés au quotidien et sont donc fragiles par nature. A l’exception de certaines productions artisanales (principalement en Asie), les joaillers ajoutent donc à l’or pur un ou plusieurs métaux secondaires dans le but de « durcir » leurs produits et d’en améliorer l’aspect visuel. C’est ainsi que l’or jaune de joaillerie contient un quart de métaux durs (généralement de l’argent et du cuivre à parts égales), mais d’autres compositions existent et sont jalousement tenues secrètes par les fabricants. Avec ses 75% d’or pur, le titre de l’or jaune est donc de 18 carats, certifié par un poinçon en forme de tête d’aigle.
A noter que cette pureté à 18 carats (ou plus) était la limite à laquelle un objet pouvait prétendre à l’appellation ‘en or’, toute composition moins titrée se voyant attribuée le qualificatif de ‘alliage en or’. Mais depuis le 1er janvier 1995, l’état français a imposé aux fabricants d’indiquer la pureté des métaux précieux en millièmes, ce qui permet au consommateur de s’y retrouver plus facilement. Désormais pour pouvoir afficher l’appellation « en or » le bijou peut se contenter de titrer 375 millièmes, soit 9 carats seulement.
L’or blanc de joaillerie à 18 carats (encore appelé or gris)
Avec l’or jaune, l’autre alliage très courant en joaillerie est l’or blanc. Si, là aussi, les compositions varient selon les fabricants, on trouve généralement dans cet or blanc 75% d’or pur, ce qui correspond à un titre de 18 carats. Quant aux métaux qui assurent le complément des 25% restants, ils sont très divers (argent, palladium, rhodium,…). A noter que le nickel est interdit en France (pour cause d’allergies) depuis la directive européenne du 18 Juillet 2000. Ou plus exactement son taux de libération ne doit pas dépasser 0,5 mg/cm2/semaine, ce qui en pratique interdit son usage pour tous les bijoux en contact avec la peau (montres, bracelets, colliers, alliances, boucles d’oreille,…). Attention donc si vous faite l’acquisition de bijoux anciens en or blanc !
Pour pallier l’abandon du nickel (qui était pourtant bien commode pour la conservation de l’éclat des objets) les industriels utilisent désormais un revêtement en rhodium.
A noter que l’appellation ‘or gris’ provient de l’usure de cette couche blanche de rhodium qui, à la longue, se ternit et vire au gris. Mais pas de panique : rendez visite à votre joailler de quartier qui procédera à l’application d’une nouvelle couche, moyennant une somme (normalement) modique.
L’or rose de joaillerie à 18 carats (encore appelé or Russe)
L’or rose est plus récent (tout au moins en Occident) que l’or blanc et moins fragile. Constitué également de 75% d’or pur, il comporte 20% de cuivre et de 5% d’argent, le mélange de ces 2 métaux durs donnant à l’ensemble cette couleur rosée, très appréciée des nouveaux créateurs qui n’hésitent pas à le combiner avec de l’or blanc pour la conception de bijoux très tendance, aussi bien pour la clientèle masculine que féminine. De plus sa couleur rougeâtre/rosée est idéale pour mettre en valeur l’éclat d’un diamant par exemple.
L’or rose étant teinté dans la masse, il est beaucoup moins vulnérable aux rayures qu’un produit revêtu d’une couche superficielle. Donc pas besoin de revenir chez votre bijoutier pour refaire un surfaçage !
Au niveau du prix, il n’y a quasiment pas de différence avec l’or blanc, car le pourcentage d’or pur (75%) est le même dans les 2 cas, tout au moins pour des objets qui titre 18 carats.
A noter que l’or rose porte également le nom d’or Russe car il était particulièrement prisé chez les Tsars au début de XXème siècle.
L’or vert de joaillerie (encore appelé Electrum)
L’or vert (mélange d’or et d’argent) existe à l’état naturel et était utilisé pour confectionner de nombreux objets et bijoux dans l’Antiquité par les Egyptiens, les Grecs et les Amérindiens. Appelé Electrum, présentant des reflets s’échelonnant du jaune au vert, il a également servi à frapper les premières monnaies de la planète en Lydie (ancienne région occidentale de l’Asie Mineure), en Grèce et plus récemment en Gaule. Mais sa composition (proportion du mélange or/argent) étant très disparate dans la nature, son usage est rapidement tombé en désuétude.
Les bijoutiers créateurs ont réussi à reproduire ce mélange or/argent de la nature (avec parfois un ajout de cadmium) pour créer de l’or vert artisanal, au titrage reproductible.
Les autres types d’alliage : or bleu, saumon, violet,.. et de titrage inférieur à 18 carats
Les compositions de l’or physique avec d’autres métaux ne se limitent pas au seul titrage de 18 carats et aux seules couleurs précédemment citées (jaune, blanc, rose, vert). C’est ainsi que l’on pourra trouver chez des bijoutiers créateurs des alliages avec de l’oxyde de fer (or bleu), avec du platine (or saumon) ou même avec de l’aluminium (or violet).
Enfin pour diminuer le coût de leurs fabrications les industriels diminuent le titrage de leurs alliages, proposant des produits à 14 carats (58% d’or), voire 9 carats (33% d’or) pour des objets extra low cost.
Tous ces produits sont naturellement là pour vous faire plaisir (ou pour faire plaisir à l’un de vos proches), mais ne constituent en aucun cas un support d’investissement. Même si le poinçon de titrage vous donne la teneur en or pur, n’espérez pas revendre votre bijou au cours légal de l’or qu’il contient. En effet, l’usure de votre bijou, l’incertitude sur sa composition réelle, l’absence d’argus, la difficulté à marchander, sont autant d’éléments qui vont peser sur son prix de revente.
Pour investir dans l’or physique et espérer une revente dans de bonnes conditions, nous vous recommandons de vous restreindre à la seule couleur jaune, ou plus précisément de n’acquérir que des pièces ou lingots. Mais pas n’importe lesquels ; donnez préférence aux pièces de 1 once d’or titrant plus de 900 millièmes, et/ou aux lingots titrant plus de 995 millièmes. En effet, comme l’indique notre article sur la fiscalité applicable en France, ces 2 limites sont celles retenues par les autorités françaises pour caractériser l’or d’investissement et bénéficier ainsi … d’une fiscalité avantageuse !